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Hugo Gaston

La jeunesse au service de l’ambition

228e mondial cette semaine du 24 février 2020, Hugo Gaston vient de disputer en Australie son premier tournoi du Grand Chelem chez les professionnels. À seulement 19 ans, il se présente comme l’un des grands espoirs du tennis français.

Petits pas d’ajustement, armé du bras et frappe de balle. À la Ligue de Tennis d’Occitanie, Hugo Gaston répète ses gammes, inlassablement. Ses grands coups droits liftés viennent marteler le bleu des courts avec une intensité rare pour un entraînement. Il faut dire que le jeune homme de 19 ans a des motivations toutes trouvées pour redoubler d’efforts. Après une fin d’année 2019 riche en victoires et trophées sur le circuit ITF, le Toulousain de naissance a obtenu la consécration : une invitation pour disputer le tableau final de son premier tournoi du Grand Chelem, l’Open d’Australie. Un moment unique pour le gaucher au revers à deux mains. « Ça a été une très belle expérience. Jouer des matches comme ça, dans ce genre d’événements, c’est incroyable pour moi ! » Opposé à l’Espagnol Jaume Munar (90e mondial à ce moment), Hugo Gaston en a profité pour prouver au monde du tennis qu’il faudra compter sur lui, et surtout sur sa combativité dans les années à venir. Car s’il a fini par rendre les armes en quatre sets (7/5 5/7 6/0 6/3), il ne l’a pas fait sans combattre, et a sauvé la bagatelle de neuf balles de match avant de s’incliner sur un dernier revers dans le couloir. « J’ai quelques regrets sur la rencontre, notamment dans le premier set où j’ai eu des occasions. Mais je suis quand même heureux d’avoir donné le maximum », analysait-il, lucide, quelques semaines après son périple australien.

La suite, ça a donc été un retour en France et un crochet par les qualifications du tournoi de Montpellier avant de revenir s’entraîner chez lui, à Toulouse. Loin de l’animation des tournois du Grand Chelem, Hugo Gaston s’apprête à retrouver l’anonymat du circuit Challenger pour continuer à progresser. « Il est ambitieux et a très envie de réussir. Sous ses airs détachés, il est très investi dans son sport et le vit de façon très intense », décrit son entraîneur, Marc Barbier. L’objectif affiché : se rapprocher des meilleurs joueurs de la planète pour faire partie des 150 premiers mondiaux d’ici la fin de saison. Au sein d’un tennis français vieillissant et peinant à trouver un successeur à Yannick Noah, dernier vainqueur masculin d’un titre du Grand Chelem, certains espèrent même le voir devenir ce joueur que tout un peuple attend. Mais Hugo Gaston ne pense pas à ça pour le moment. « Je ne me vois pas forcément comme la relève du tennis français, j’essaye de ne pas me mettre plus de pression que cela. Il y a Jo-Wilfried Tsonga qui revient bien même s’il s’est de nouveau blessé, Gaël Monfils qui est encore dans le Top 10. Je trouve que l’état du tennis français n’est pas aussi mauvais qu’on le pense. » Reste que Monfils, comme Tsonga, mais aussi Richard Gasquet, Gilles Simon, Benoît Paire ou encore Adrian Mannarino ont tous passé la trentaine sans avoir réussi à inscrire leur nom au palmarès de l’un des quatre Majeurs. Derrière, l’avenir appartient peut-être à Lucas Pouille (26 ans), Ugo Humbert (21 ans), Corentin Moutet (20 ans) ou… Hugo Gaston. « Si je peux être dans les meilleurs Français, ce sera en tout cas avec plaisir », glisse-t-il, malicieux.

 

« Une vraie singularité dans le jeu »

De ses premiers coups de raquettes à 3 ans au club de Fonsorbes où son père était président – « je jouais tout le temps contre le mur », s’amuse-t-il encore aujourd’hui – à l’Open d’Australie, Hugo Gaston est pour l’instant proche du parcours parfait. Son palmarès parle pour lui. En 2017, il décroche le prestigieux Orange Bowl où ont triomphé Roger Federer, Andy Roddick ou encore Dominic Thiem. Le début de l’explosion qui le conduit, ensuite, à Melbourne, pour remporter le double de l’Open d’Australie Juniors 2018 aux côtés de son ami Clément Tabur. Mais cette année-là, le meilleur restait encore à venir. Celui qui affirme « adorer jouer pour son pays » le prouve de la plus belle des manières en remportant l’or aux Jeux olympiques de la jeunesse à Buenos Aires. Il ajoute à cette consécration deux médailles de bronze : l’une en double garçons, toujours avec Clément Tabur, l’autre en double mixte associé à Clara Burel. Une performance exceptionnelle, d’autant que Hugo Gaston avait le lourd honneur d’être porte drapeau de la délégation sur ces J.O.J. et devait montrer la voie à ses compatriotes. Une mission remplie avec brio, donc, et qui démontre bien, s’il le fallait encore, que le jeune protégé de Marc Barbier est capable d’assumer pleinement un rôle de leader en portant le pays sur ses épaules. Que ce soit à l’ATP Cup, la Coupe Davis ou une quelconque fusion entre les deux, l’équipe de France devrait pouvoir compter sur lui dans le futur.

En attendant, Hugo Gaston continue de travailler, conscient des lacunes actuelles de son jeu. « Ce qui me manque le plus aujourd’hui, c’est la constance sur tout un match et toute une année, explique-t-il. Je suis capable d’avoir un bon niveau de jeu, mais le plus dur, c’est de le garder sur le long terme ». « C’est encore un jeune joueur donc tout son jeu est perfectible, ajoute son entraîneur. Plus on se rapproche du haut niveau, plus cela se joue sur des petits détails. Mais sa technique est, elle, bien en place. Il n’y a pas grand-chose à changer là-dessus ! » En plus de sa technique, Hugo Gaston peut déjà s’appuyer sur un jeu complet, une couverture de terrain remarquable et une main impeccable. Des qualités indispensables compte tenu de son gabarit léger (1,73 m), qui détonne dans un circuit où il est plus fréquent de croiser des gros serveurs dépassant 1,90 m que des joueurs comme Hugo Gaston. Mais cette particularité pourrait bien devenir un avantage pour le Toulousain, adepte des changements de rythme et du jeu de contre. « C’est dur de le comparer à d’autres joueurs, il a une vraie singularité dans le jeu », confirme Marc Barbier. De là à déjà se projeter plus loin ? Ce serait mal le connaître. « Hugo est toujours très mesuré, que ce soit dans la victoire comme dans la défaite. Ce n’est vraiment pas le genre à s’exciter pour rien, il sait qu’il y a encore un long chemin devant lui. »

 

Vers un premier Roland-Garros ?

Un chemin qui passe par des Challengers relevés de ce début d’année 2020, comme ceux de Bergame ou Pau. Des étapes moins reluisantes que le quotidien des meilleurs joueurs du monde, mais pourtant indispensables si Hugo Gaston veut rejoindre son idole d’enfance, Rafael Nadal, au sommet du classement ATP. D’ici là, il pourra s’inspirer de la réussite du Stade toulousain, club dont il est fan et qui vient d’être champion de France de rugby pour la vingtième fois de son histoire en juin dernier. Sa vingtième bougie, le jeune Toulousain la soufflera, lui, en septembre prochain. Entre temps, il espère être invité à disputer le grand tableau de son premier Roland-Garros, après avoir déjà reçu des wild cards pour les qualifications du tournoi les deux dernières saisons. Mais, fidèle à lui-même, Hugo Gaston ne pense pas encore à la terre battue parisienne. « On peut se dire que j’ai de bonnes chances d’avoir une invitation à Roland, mais j’ai aussi eu celle de l’Open d’Australie grâce à une très belle fin de saison 2019. C’était une récompense. J’espère continuer à bien jouer, et si je joue bien, alors on verra pour l’invitation. » L’ocre attendra donc. Patient, il a décidé de ne pas se précipiter et de passer les étapes une par une même si cela doit prendre du temps. Déjà couronné chez les jeunes, il fait partie de ces espoirs qui seront à maturité au moment des Jeux olympiques de Paris en 2024. Il aura alors 23 ans et la génération Tsonga-Gasquet-Monfils-Simon ce sera, a priori, retirée. À ce moment, Hugo Gaston endossera, peut-être, le rôle de leader du tennis français.